La ligne de recherche Fictions & interactions organise le vendredi 15 mai
2009 une table ronde sur les rapports « supposition, invention et fiction
». Cette séance vise à croiser les approches d’artistes
et de spécialistes de la création et de la fiction. Une première
approche a été engagée par Jérôme Dokic autour
des rapports « imagination, supposition et simulation ».
1) La supposition peut être considérée comme une proposition
provisoire appelant une conséquence ou une vérification. Elle
relève d’un fonctionnement basique de l’esprit humain dans
la vie ordinaire (interpréter, prévoir) ou d’un mode plus
« savant » visant une démonstration (hypothèse). La
supposition s’oppose habituellement à la croyance et implique une
visée interprétative assortie d’une capacité de découverte
ou d’invention. Elle possède une certaine liberté à
la différence de l'imagination qui engage l’émotion : on
peut supposer des choses effrayantes alors qu’on a peine à les
imaginer. Cette liberté par rapport à la croyance, cette visée
interprétative et exploratoire permettent-elles l’invention ? Il
s’agira d’éclaircir les notions et expériences de
la supposition, de l’invention et de la fiction pour s’interroger
dans un premier temps sur les rapports entre supposition et invention.
2) L’invention peut s’envisager comme un dispositif inédit
qui possède une visée cognitive et instrumentale. L’invention
prend place au sein d’un contexte repérable en produisant une perspective
inattendue. Quel est le rôle de la supposition dans ce renversement, ce
déplacement ou cette extension imprévus d’une perspective
? Au-delà de la dimension de nouveauté et de surprise, l’existence
d’un contexte préalable distingue-t-elle l’invention de la
création en liant de façon plus forte l’invention et la
supposition ?
3) Supposer est à la croisée de l’invention et de la fiction.
Supposer permet d’inventer et une théorie générale
de la fiction relève également de la supposition (qu’il
s’agisse du faire semblant, de la feintise partagée ou des mondes
possibles). Il est banal de reconnaître que la fiction procède
d’une invention. Mais l’invention d’une fiction prend tout
son sens lorsqu’elle est capable d’engendrer un certain niveau de
croyance. C’est en définitive la part de réel qui nous intéresse
dans la fiction. Si supposer et croire relèvent de principes opposés,
comment comprendre et aborder à nouveau ces deux propriétés
paradoxales de la fiction ? Doit-on envisager la supposition comme un cadre
préalable définissant un niveau de croyance ? Mais plus avant,
si supposer, imaginer ou inventer une fiction s’opposent à croire,
comment concevoir à l’inverse que la fiction soit susceptible dans
certains cas de modifier l’état de nos croyances ? Ainsi, par le
biais de l’invention et de la fiction, on envisagera le détour
où supposer associé à inventer peut modifier certaines
de nos croyances dans la réalité du monde.
Parmi les participants à la table ronde :
- Marie-Laure Ryan, Université du Colorado, Narratologie, Écritures
électroniques, Théorie de la fiction
http://users.frii.com/mlryan/
- Lorenzo Menoud, artiste, poète, Qu'est-ce que la fiction (Vrin, 2005)
http://www.serialpoet.eu/
- Brian Hill, philosophe, Jouer avec le faux. Recherches sur les processus
mentaux à l'œuvre dans la lecture des textes de fiction,
http://www-ihpst.univ-paris1.fr/ihpst/page_personnelle.php?id_fiche=53
- Bernard Lallemand, artiste, développe des travaux et commissariats
d'expo en rapport avec la fiction, http://bernardlallemand.blogspot.com/
- Yann Toma, artiste, président à vie de Ouest-Lumière,
développe des travaux en rapport avec les fictions d’entreprise,
www.ouest-lumiere.org
-Benjamin Sabatier, artiste, interroge l’acte créateur conçu
comme un travail ou le travail transformé en acte de création
http://www.denoirmont.com/communiquepresse.php?id=165